Dons divinatoires inquiétants… (par Técé)

Je ne voulais pas parler de ça, car je veux généralement en dire le moins possible sur le scénario de nos futures bandes dessinées, mais là, il fallait que ça sorte… C’est trop gros ! Je vais essayer d’être le plus compréhensible, tout en en divulgâchant le moins possible, histoire que vous puissiez quand même profiter des futures bandes dessinées que j’ai scénarisé !

Quand la caricature devenait réalité…

Avant de parler du sujet qui m’a poussé à faire cet article, j’aimerais contextualiser en évoquant le cas de « Nuibie Collège : Bienvenue à Niévicila » (connu dans notre fanzine sous le nom de « Nuibie Collège : Chapitre 1 »). Il faut savoir que cette histoire, qui a été écrite dès la fin d’année 2021 (pour finalement sortir en juillet 2022) a connu pas mal de réécritures en cours de route, notamment pour rendre le scénario et les personnages beaucoup plus caricaturaux qu’ils ne l’étaient à l’origine. Pourquoi ces réécritures ? Parce que Nuibie Collège se veut être une caricature de notre monde, et notamment de sa décadence. Or, ce qui se passait souvent, c’est que je me faisais rattraper par la réalité : des faits que j’avais imaginé comme une caricature de la réalité d’alors ont fini par se produire dans le vrai monde. Du coup, pour éviter de trop ressembler au monde réel, j’ai dû surenchérir dans la caricature. Et croyez moi, c’est dur de se faire si souvent rattraper par le réel quand on se veut caricaturiste, comme moi… Puisque cela revient à dire que le monde réel devient une caricature !

Depuis, d’autres histoires ont été écrites. Notamment « Nuibie Collège : La Rentrée des Crasses » qui est la bande dessinée du troisième numéro de Nimatek, et la dernière BD que j’ai pu terminer à ce jour.

Et ça se répète !

Ne chômant pas sur l’univers Nuibie, j’ai d’ores et déjà écrit des scénarios pour des futures bandes dessinées, y compris des futures BD dérivées de Nuibie Collège (le mot est lâché !). Je continuais à faire de l’art militant de façon maquillée, sous le signe de la caricature, comme d’habitude… Et puis… l’histoire s’est répétée ! Comme au bon vieux temps de « Nuibie Collège : Bienvenue à Niévicila », la réalité a dépassé la caricature sortie de mon cerveau de blasé !

Je m’explique : il y a quelques semaines de ça, j’ai commencé à écrire un diptyque constitué de deux histoires se déroulant dans l’univers Nuibie, mais ne faisant pas partie de la série « Nuibie Collège ». Le but premier est de montrer l’univers Nuibie d’un autre point de vue que celui de Cassandra, ce qui permet l’émergence d’histoires moins « légères » que des histoires de collégiens. Ainsi, l’univers y est plus sombre, plus oppressant. Et forcément, qui dit univers plus sombre, dit possibilités d’aborder des thématiques pas trop accessibles dans la série principale.

L’une des thématiques que j’ai choisi d’aborder (ce n’est pas la principale, mais c’est bien d’elle dont je veux vous parler ici), c’est la volonté des élites d’abrutir le peuple à travers les médias, quitte à travestir complètement la réalité. Dans un contexte où l’un des héros du diptyque a sauvé la vie d’une enfant qui était sur le point de se faire attaquer par des gens peu recommandables, tout est déformé par les médias en faveur des agresseurs. Ainsi, ceux qui voulaient agresser l’enfant deviennent des victimes, et celui qui a sauvé l’enfant devient le méchant de l’histoire aux yeux de tous les téléspectateurs crédules.

Si vous suivez l’actualité ces derniers temps, ce que je viens de vous raconter là, ce cheminement médiatique d’inversion des rôles et des valeurs, ça vous donnera sans doute un arrière-gout de « déjà vu »… Hé oui, c’est exactement ce qui se passe actuellement, dans notre réalité véritable, dans le cadre de ce qu’on appelle désormais le drame de Crépol : les médias reprennent à l’unisson un discours visant à faire passer la victime (Thomas Perotto) comme étant du « camp des agresseurs », et les suspects comme étant des « victimes ». On l’a vu notamment sur BFMTV, sur France 5, et plus récemment sur Arte.

J’aurais pu faire comme pour les précédentes fois où j’ai en quelque sorte « prédit » le futur, et réécrire mon histoire pour la rendre encore plus caricaturale qu’elle ne l’est déjà afin d’éviter tout rapprochement avec des faits réels, mais cette fois, il n’en sera rien. Je garde cette histoire telle quelle, car… tant pis si mon histoire est trop « réaliste », ce n’est pas de ma faute si la réalité ressemble trop à une parodie ! Je suis loin d’être le seul à avoir constaté ce rapprochement entre parodie et réalité (certains parlant même de « gorafisation », en référence au site satirique « Le Gorafi »), et comme ce n’est pas de ma faute, hé bien je n’ai pas à m’incliner ! Au pire, cette future BD sera, dans un futur encore plus lointain, un témoin de notre époque malade !

Técé